lundi 12 novembre 2018

"Du doute à la foi", de Moustafa Mahmoud


 Tel le pèlerin de la vérité qui, au terme de multiples tâtonnements, est finalement parvenu au havre de paix auquel il aspirait de tout son être, Moustafa Mahmoud feuillette ici, sous nos yeux, le livre de son passé. Page après page, chapitre après chapitre, nous apparaissent moments de doute et espaces de lumière, écueils et points de repère. Peu à peu, sous la lumière crue de la certitude enfin perçue, les embûches du chemin prennent tout leur relief, là même où les pas du chercheur s’étaient auparavant fourvoyés.
Tel l’aveugle qui recouvre la vue, l’auteur du présent ouvrage ne peut s’empêcher de témoigner. Comment se taire en effet quand on a connu l’amertume du doute et des ténèbres et que l’on sait à quel prix il en coûte de trouver l’issue ?
C’est précisément le caractère biographique de ces pages qui, à notre avis, les exempte d’un ton pédant ou doctrinal qui aurait pu rendre pénible leur lecture. Leur style même n’a rien de recherché. Les phrases se succèdent, entrecoupées de nombreux silences, parfois inachevées, ne servant que de support à une méditation qui se poursuit. Constamment, nous y sentons un auteur qui réagit avec toutes les fibres de sa personne et qui n’a de cesse de partager son expérience, son inlassable quête de la vérité.
La réalité spirituelle de l’homme, empreinte de la marque divine, est le message premier et fondamental adressé par le Créateur à l’espèce humaine. Tous les autres messages en sont de simples rappels. D’où cette affirmation on ne peut plus explicite : « L’homme doté d’une saine raison n’a pas besoin de lire le Livre saint pour découvrir qu’il a un esprit, qu’une vie l’attend après la mort et qu’il y aura une reddition des comptes. Car la nature innée et saine éclaire, pour celui qui la possède, le chemin vers la vérité. »
C’est pourquoi les moments de silence, d’introspection et de recueillement prennent chez Moustafa Mahmoud une telle importance. Il ira même jusqu’à affirmer : « L’homme naît seul et meurt seul ; il parvient seul au vrai. »
« Nature innée » : cette expression (il s’agit en fait d’un seul terme – fitra – dans le Coran) est fréquente sous la plume de l’auteur. Elle signifie la nature telle que Dieu l’a créée, non altérée et ne connaissant pas le mal. Tel qu’issu de la création divine, l’homme est comme greffé naturellement sur le bien et le vrai ; il est apte à une « spontanéité de connaissance », échappant à l’illusion et à l’erreur, à condition que son intelligence ne soit pas souillée par les circonlocutions de la logique et les distorsions de la raison, mais qu’elle fasse place à la "clair-voyance" (al-basîra, que nous traduisons avec emploi du tiret pour souligner le sens étymologique cher à l’auteur).
La démarche de Moustafa Mahmoud est à la fois celle d’un scientifique (qui relativise la portée philosophique de la science) et d’un mystique (qui ne se veut tributaire d’aucune "école"). Sans doute serait-il plus exact de parler ici d’un humanisme éclairé, dont la portée universaliste n’échappera pas au lecteur.

Marc Chartier

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Avertissement

رحلتي من الشك إلى الإيمان

J'ai traduit de l'arabe cet ouvrage de Moustafa Mahmoud dans les années 70, alors que je me trouvais au Caire. L'occasion m'était donc offerte de rencontrer très souvent l'auteur.
Cette traduction française de l'ouvrage a fait l'objet alors d'une première édition ( Dar al-Shorouk - Beyrouth) qui comportait malheureusement quelques "coquilles" qu'il m'a été impossible de rectifier.
À mon insu, une nouvelle édition a vu le jour (éditions Assalam, Paris, 2003). Elle reprenait souvent les mêmes erreurs et parfois en introduisait d'autres.
C'est pour apporter tous les rectificatifs nécessaires, et par respect en premier lieu de l'auteur, que je publie ici la seule traduction fiable.

Marc Chartier


Traduction de l'ouvrage : cliquer ICI

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